Auditions de la commission d’enquête sur l’alimentation industrielle – jeudi 19 juillet 2018

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Ce matin, la commission d’enquête sur l’alimentation industrielle, dont Elisabeth Toutut-Picard est vice-présidente, a mené deux auditions.

Au cours de la première, les députés ont entendu Mme Véronique Gaste, cheffe du bureau de la santé, de l’action et de la sécurité à la Direction générale de l’enseignement scolaire (ministère de l’éducation nationale). L’école est un lieu d’information et d’éducation nutritionnelle, ainsi qu’un moyen de lutte contre le gaspillage alimentaire. Mme Gaste a présenté la démarche du ministère de l’éducation nationale en matière de santé alimentaire.

Elisabeth Toutut-Picard l’a interrogé pour savoir si les actions du ministère ciblaient les quartiers prioritaires de la ville (QPV), où se développent une épidémie d’obésité et de diabète. Mme Gasté a confirmé que les QPV faisaient partie des priorités du ministère pour la prévention primaire, la promotion de la santé et le dépistage. Ainsi, la DREES produit un bilan tous les deux ans de la santé des élèves, sur la base de deux indicateurs (dents cariées et obésité). Elle a notamment constaté que le taux d’obésité était plus important chez les élèves issus des familles d’ouvriers, ce qui témoigne de la réalité des inégalités sociales de santé. Mme Gasté a aussi indiqué que les ministres de la santé et de l’éducation nationale avaient lancé, en novembre 2017, le parcours 0-6 ans, afin de rapprocher les professionnels de santé qui œuvrent autour du jeune enfant (PMI, médecine scolaire, médecine générale), lesquels travaillent encore aujourd’hui de manière trop cloisonnée. L’objectif est de mieux repérer les difficultés de santé. La mise en œuvre de ce Parcours devrait débuter à la rentrée.

Elisabeth Toutut-Picard a aussi relevé la forte sensibilité des enfants aux publicités qui poussent à la consommation de produits gras, salés, sucrés. Elle s’est demandé si le ministère de l’éducation nationale envisageait des formes de contre-publicité (sous forme de vidéo, etc.). Mme Gaste a indiqué que le contre-discours fonctionne rarement. En la matière, le ministère préfère donc développer l’éducation aux médias et à l’information (EMI), dans le cadre des cours obligatoires d’enseignement moral et civique dispensés à l’école, au collège et au lycée. Dans le cadre de l’EMI, l’éducation à l’alimentation peut être abordée par les enseignants et certains en viennent ainsi à décrypter des publicités avec leurs élèves.

Au cours de la seconde audition, les députés ont reçu M. Jean-Luc Volatier, adjoint au directeur de l’évaluation des risques de l’ANSES, et M. Louis-Georges Soler, directeur de recherche à l’INRA.

Elisabeth Toutut-Picard a souhaité savoir comment obtenir une évolution de la stratégie des industriels. Pour M. Soler, il faut créer un cycle vertueux de dynamique, progressive et de long terme, entre l’offre et la demande, entre le producteur et le consommateur.

Elle l’a aussi interrogé sur le processus de formation du goût et les moyens pour les entreprises de participer à la désaccoutumance. Me Soler a indiqué que l’industriel peut diminuer la teneur de certains produits, à condition de ne pas le dire au consommateur.

Enfin, elle s’est interrogée sur les éventuels engagements de filières en matière de santé et d’alimentation. M. Soler a cité l’exemple de l’accord collectif dans le domaine de la charcuterie, qui contient de vrais engagements en baisse de sel et de matières grasses.

La commission d’enquête reprendra ses travaux en septembre.